11 mai • 22 octobre 2019

Depuis une quinzaine d’années, les musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes inscrivent la création contemporaine au cœur de leur projet artistique et culturel, travaillant sur les points de rencontre et de prolongement entre les trois figures tutélaires et emblématiques des avant-gardes artistiques que sont Marc Chagall (1887-1985), Fernand Léger (1881- 1955) et Pablo Picasso (1881-1973) et les artistes du XXIe siècle.

Au printemps 2019, ce sera au tour de Clément Cogitore, né en 1983, d’investir les espaces du musée Marc Chagall et de constituer une nouvelle étape de réflexion autour de l’image en mouvement, amorcée dès 2018 avec la participation du musée au festival MOVIMENTA et l’accueil du duo d’artistes et cinéastes Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Cette exposition marquera également la participation du musée Marc Chagall à « Nice 2019 : L’Odyssée du Cinéma », le programme culturel et artistique initié par la Ville de Nice à l’occasion du centenaire des studios de la Victorine.

Artiste plasticien, vidéaste, cinéaste, Clément Cogitore élabore une œuvre ample, singulière qui se déploie entre l’image document, l’image fixe et l’image-mouvement. Amour pour l’image dans sa diversité de statuts ou de motifs, mais aussi dans l’émerveillement suscité par ses processus de fabrication et de révélation. Dans ses films, photographies ou dispositifs d’exposition, Cogitore met en scène des éléments visuels hétérogènes, donnant à voir le monde contemporain par le prisme d’une dramaturgie, souvent inspirée des grands mythes et des formes archétypales. A l’instar de Chagall, autre metteur en scène, la conclusion du récit ne s’érige pas en principe, l’enjeu n’étant pas de représenter le monde mais de le rendre présent1.

Ce sens du conte, du registre allégorique, relie donc les deux artistes dans cette exposition qui vient s’illustrer par certains rapprochements assumés comme plus formels. Celui d’abord de l’évocation commune du conflit avec les images d’émeutes (Ghost Horseman of the Apocalypse in Cairo Egypt, 2017), d’un rassemblement de membres des Anonymous (We are legion, 2012) ou d’uniformes militaires devenus dépouilles dans le désert (Digital Desert, 2015), présentés en regard des œuvres traitant de la guerre et des crucifixions du peintre russe. Dans ces mondes, clos et crépusculaires, le sujet n’est pas seulement celui de la violence présente mais celui hors-temps, hors-sol, de l’utopie – ce « pays de nulle part » de Thomas More – promis à un effondrement et à l’espoir d’une rédemption.

Un second dialogue se crée autour du sacré et de ses formes de croyance. Face à une œuvre chagallienne, façonnée par une culture juive hassidique où la coexistence entre les êtres et les choses ne cesse de se ritualiser, Clément Cogitore met en récit des images de cérémonial contemporain (Élégies, 2014), de sphère céleste du XVIIIe siècle (Zodiac, 2017), de peinture pariétale préhistorique (Sans titre, 2017). Représentations empruntées à la culture populaire et qui viennent prolonger cette perméabilité entre le divin et le profane, entre le visible et l’imperceptible.

 

Cette aspiration unifiante et absolue de la création opère chez les deux artistes, leur permettant de créer des passerelles, toujours très personnelles, avec les mondes du théâtre, de l’opéra, de la musique ou de la danse. Les Indes Galantes, lyrique et spectaculaire opéra-ballet baroque de Jean-Baptiste Rameau (1735) dont Clément Cogitore a adapté une première et courte partie en 2017, sera ainsi projeté au musée et donnera lieu à l’automne 2019, à une présentation de l’œuvre intégrale sur la scène de l’Opéra Bastille à Paris. Une nouvelle étape donc, de travail et d’accomplissement, pour ce jeune artiste qui se plaît à habiter le monde en le jouant.

Au rythme de l’année « L’Odyssée du Cinéma », l’exposition sera complétée d’un programme de projections, conçu en collaboration avec les acteurs culturels et artistiques du territoire.

En 2015, le premier long-Métrage de l’artiste, Ni le ciel, Ni la terre a été récompensé par le prix de la Fondation Gan au Festival de Cannes – Semaine de la critique, et nominé pour le César du meilleur premier film. La même année, il a reçu le Prix BAL pour la jeune création, suivi en 2016, du Prix Science-Po pour l’art contemporain et du Prix de la Fondation d’Entreprise Ricard pour l’art contemporain. En 2017, son film-documentaire Braguino a fait l’objet d’un engouement unanime de la critique et de plusieurs prix (meilleure contribution artistique, meilleure musique originale…) ou mentions spéciales dans le cadre de festivals internationaux.

Pour célébrer son 350ème anniversaire, l’Opéra national de Paris a confié à Clément Cogitore la mise en scène de l’intégralité de l’opéra-ballet Les Indes galantes de Jean-Baptiste Rameau. La première représentation aura lieu en septembre 2019.

Le travail de Clément Cogitore a intégré les collections publiques du Centre Georges Pompidou, du Musée national d’Art moderne, du Fonds national d’art contemporain, du Fonds d’art contemporain de la Ville de Paris, des FRAC Alsace, Aquitaine et Auvergne, du MAC/VAL, du Musée d’Art moderne et contemporain de Strasbourg, de la Daimler Art collection, du NMNM de Monaco et de nombreuses collections privées.

Informations pratiques
Musée national Marc Chagall

36, avenue Dr Ménard
06000 Nice
33 (0)4 93 53 8720
www.musee-chagall.fr

Ouverture

Tous les jours, sauf le mardi et le 1er mai. De 10h à 18h, de début mai à fin octobre.