"Cartoon sur roche", 2015, gouache sur document, 31 x 23 cm ©Photo : Hippolyte Hentgen courtesy Semiose Galerie

« Cartoon sur roche », 2015, gouache sur document, 31 x 23 cm ©Photo : Hippolyte Hentgen courtesy Semiose Galerie

Depuis 2008, nous formons le duo « Hippolyte Hentgen » : une troisième personne faite de nos deux noms de famille. Ce nom n’est jamais qu’une fiction ; ce n’est pas l’auteur qui parle mais son double fictif. Notre territoire de recherche se centralise principalement sur le dessin et l’image, mais tente également diverses ouvertures vers d’autres domaines de représentation : écriture, théâtre, danse, bande dessinée, musique.

Notre collaboration est née d’une culture commune et du constat troublant d’une familiarité évidente dans nos travaux antérieurs à notre association. À ceci, s’est rapidement ajoutée une curiosité pour le travail en binôme qui réinterroge de fait la notion d’auteur, cette notion étant au centre de nos préoccupations communes.

Avant de nous connaître, nous avions une sorte de répertoire commun prenant autant ses sources dans la peinture des modernes, que dans le graphisme des affiches d’entre-deux guerres, ou encore dans certaines formes de musiques marginales.

Une autre ressemblance dans nos travaux, était le fait de puiser presque systématiquement dans un répertoire volontairement citationnel où les sujets semblaient n’avoir que peu d’importance : Photos anonymes, coupures de presse, travaux manuels amateurs ou détail clairement repérables, se retrouvaient traitées avec la même neutralité méthodique, la même indifférence inexpressive.

Les questions qui nous traversaient, remettaient en cause la possible place de l’auteur dans le processus créatif et la difficulté à pouvoir dire de grandes choses, des  choses nouvelles, de pouvoir livrer une émotion après un siècle d’images reproduites à outrance.

S’associer en une troisième personne fictive à laquelle nous déléguons le rôle d’auteur , de signataire, procède t-il d’un intérêt lui même double, d’abord repenser la lecture d’une image dans un principe d’anonymat propre à l’ère industrielle mais également, d’une certaine manière, nous rassurer mutuellement sur la faisabilité d’une pareille entreprise dans une époque où les questions de pratiques, de formes ou de représentations se trouvent quelque peu noyées dans leurs propres contradictions.

Restent bien entendu, derrière le double patronyme Hippolyte Hentgen, deux individus et deux pensées complices mais distinctes. 

 

Hippolyte Hentgen

Elles ont étudié à la Villa Arson, à Nice. Elles ont exposé dans de nombreux musées et centres d’art, en France et à l’étranger et sont représentées par la galerie Semiose à Paris, où elles vivent et travaillent.