Centre de la Photographie, Mougins
Du 29 octobre 2021 au 30 janvier 2022

Commissariat : François Cheval et Yasmine Chemali

Pour la deuxième exposition présentée, L’Amour toujours, la photographie féminine est une nouvelle fois mise à l’honneur en invitant Natasha Caruana (GB. Née en 1983) et Jenny Rova (Suède. Née en 1972). Toutes deux nous présentent un travail s’appuyant sur leur récit personnel, issu d’expériences familières.

Les photographes ne sont pas exempts de l’expérience sentimentale ! Qu’ils soient femmes ou hommes, tous partagent l’épreuve des relations amoureuses avec un partenaire, subissant, comme tout un chacun, le mystère du désir. Mais comment en parlent-ils aujourd’hui ? Et sont-ils à même de trouver une forme originale liée au support photographique pour décrire l’indescriptible ?
Historiquement, si l’on exclut les portraits de l’être aimé, de l’autre désiré, de l’égérie-muse, les narrations de la vie de couple et la complexité des aventures de l’intime sont récentes. Et bien souvent, elles sont le fait de femmes photographes désirant inscrire leurs travaux dans le mouvement général des idées qui domine depuis les années soixante-dix.

Jenny Rova et Natasha Caruana, clairvoyantes, n’ont aucune difficulté particulière à vouloir rendre compte de la question du commerce amoureux. Elles tentent une approche iconographique nouvelle à cet invariant humain, le fondement de toutes choses. Leurs œuvres sont essentiellement une pensée en acte sur les sens, le corps sexué et les rapports entretenus par les deux sexes.
Pour Jenny, le principal personnage des séries photographiques, la passion amoureuse domine et pour cela il faut accepter les conséquences d’une flamme ardente. Quant à Natasha, elle définit sa position par l’interrogation du regard masculin. Elle s’amuse, mais pas tant, de ce qui anime le désir du mâle. Nous voilà entraînés dans des univers où la fiction se confond avec l’autobiographie.

 

You
Jenny Rova

Jenny Rova (née en Suède, 1972) fait de sa vie personnelle les éléments de l’exposition. Au travers de quatre séries, nous découvrons, pour ce qui sera sa première exposition monographique en France, un travail singulier.
À l’origine, cette photographe d’origine suédoise œuvre dans la photographie documentaire. Après avoir terminé son apprentissage du médium à Prague, Jenny Rova s’installe à Zurich. C’est là qu’elle va mettre en place un propos radical et joyeux sur les relations amoureuses. Séparée, mais toujours en contact avec son ancien compagnon, elle le suit désormais sur les réseaux sociaux. Elle découvre le nouveau monde de son ancien amant dans lequel elle est désormais exclue. Comment mettre en place un travail sur les sentiments qui la submergent ? Comment photographiquement mettre en forme cette situation dont l’existence n’est qu’un reflet médiatique ? Jenny invente ainsi un journal, un drame triangulaire, dont elle seule connaît l’existence.

 

A Lover’s Discourse
Natasha Caruana

Natasha Caruana (née au Royaume-Uni, 1983) n’est plus une inconnue en France. Lauréate du prix BMW en 2014, elle n’a cependant jamais obtenu l’exposition personnelle qu’elle est en droit de revendiquer. Depuis 15 ans, l’artiste britannique crée des situations relatant de manière fictionnelle les relations intimes, la complexité des situations dans le couple hétérosexuel. Avec un humour spécifiquement anglais, Natasha Caruana organise la rencontre photographique du document et de la mise en scène.
Dès la première série, The Other Woman, on se trouve en confrontation avec la vie secrète de femmes mariées qui vivent des relations amoureuses en dehors de l’institution du mariage. Cette série inaugure un ton original qui se développe par la suite avec Married Man. Ce n’est pas le couple qui est interrogé, mais le miracle permanent de sa durée ! Sa fragilité, sa perméabilité aux tentations. Il y a dans toutes les séries comme une parfaite illustration de la puissance du désir, des petites perversions quotidiennes, des secrets inavoués. Ce qui fait l’originalité d’un travail qui jamais ne juge mais nous met face à la complexité du couple comme institution. Certes, le propos est parfois amer (Curtain of Broken Dreams), mais il reste comme l’illusion que tout est encore possible (At First Sight). Malgré tout.

Photo :
Natasha Caruana
Penny #1
Série : Fairytale for Sale
2011-2013

Centre de la Photographie de Mougins
43 rue de l’Eglise
06250 Mougins
https://centrephotographiemougins.com/