Le Narcissio

Du 29 octobre 2021 au 29 janvier 2022

Le Narcissio a le plaisir d’accueillir la toute première collaboration artistique entre Quentin Spohn et son frère jumeau Matthieu Spohn. L’exposition Tracts, salves, flammes entre fiel et terre est née d’un processus de réflexion qui s’inscrit dans le contexte des élections américaines de 2016 et de la montée des mouvements populistes de ces dernières années. Fortement inspirée de L’Entrée du Christ à Bruxelles de James Ensor, les frères Spohn l’ont réactualisée et transposée en volume, à l’image de l’armée de terre cuite . Réalisée dans un esprit proche de l’art satirique, comme celui d’Honoré Daumier ou encore de Grandville, ainsi que de certains bédéistes comme Crumb, la foule des personnages grotesques, axée au départ autour de la figure de Trump, a évolué au fil du temps et de l’actualité, pour privilégier la question de la résurgence d’idées réactionnaires à travers le monde.

Cette installation monumentale compte plus de 1 700 pièces (céramiques et dessins).

L’installation présentée au Narcissio a pour origine un sentiment de sidération et d’impuissance, éprouvé lors des élections américaines de 2016 et de l’accession au pouvoir de Donald Trump, événement vécu comme un véritable basculement.

Le climat de tension, préexistant sur le sol américain, nettement accru par les prises de position de Trump, avec notamment son soutien affiché à des groupes d’extrême-droite, la violence exacerbée, perceptible dans le spectacle des émeutes comme au travers des discours, ont motivé peu à peu ce projet d’un cortège grotesque et cauchemardesque.

Les multiples reportages télévisuels et photographiques, rendant compte aussi bien des élections américaines que des conflits qui s’ensuivirent, imposèrent l’idée d’un rapprochement avec le tableau de James Ensor l’Entrée du Christ à Bruxelles mais aussi avec d’autres oeuvres relevant de l’art satirique, de la caricature et de la grimace, comme celles de Daumier ou Grandville.

Le projet, débuté en 2017 et mené parallèlement à d’autres réalisations, évolua ensuite au gré de choix personnels mais souvent marqués par l’actualité. L’avènement, aussi bien en Europe que dans le monde, de dirigeants populistes, la popularité grandissante d’écrivains et influenceurs aux idées extrémistes, le rejet croissant de la presse et de la science, de la réflexion même au profit des thèses complotistes, la revalorisation de figures nationales charriant avec elles son lot de gloriole patriotique, l’affirmation, de plus en plus significative dans la société, d’un racisme décomplexé donnèrent une orientation nouvelle à ce projet, où la figure de Trump se trouva légèrement mise en retrait pour privilégier une forme plus universelle de l’expression de la haine, non cantonnée à une époque ou un lieu, et hélas tristement actuelle.

QUENTIN ET MATTHIEU SPOHN

Quentin et Matthieu Spohn sont nés en 1984, à Colombes. Quentin effectue ses études jusqu’en 2013 à la Villa Arson à Nice. Matthieu Spohn est diplômé depuis 2012 en cartographie. Dessinant ensemble lorsqu’ils étaient petits, ils ont depuis pris des chemins différents, même si tous deux ont conservé un intérêt marqué pour la création.
La pratique de Quentin Spohn est avant tout basée sur le dessin. Très sensible à la manière dont ce médium peut être sans cesse réinterrogé, il essaie, à travers les différents travaux qu’il mène, d’expérimenter, utilisant des techniques et supports divers.
Il met en image, souvent avec décalage et humour, sa perception de la société et trouve un même temps un terrain d’expression à ses propres obsessions.

Quentin Spohn mêle réel et merveilleux, introduit de l’étrange dans un cadre réaliste, tout comme ont pu le faire des artistes américains rattachés au Réalisme magique. Des peintres comme Georges Tooker et Paul Cadmus, qui représentaient des scènes où le quotidien côtoie le fantastique avec une dimension souvent burlesque, l’ont en effet beaucoup influencé. Pour cette exposition au Narcissio, les frères Spohn ont réalisé ensemble cette installation composite, dans une collaboration qui en appellera certainement d’autres…

Photo : Jean-Marc Pharisien

Le Narcissio

16 rue Parmentier, 06100 NICE