Galerie Catherine Issert

Du 19 mars au 30 avril 2022

S’il est un travail qui éveille la curiosité et fascine à la fois, c’est bien celui de Mathieu Schmitt. Pour la galerie Catherine Issert, l’artiste a savamment construit une installation sonore et visuelle sans nécessairement dissimuler les moyens de sa réalisation. Il n’en demeure pas moins qu’on cherchera à s’expliquer songs without words, à percer l’intelligence du système et à remonter aux impulsions premières. Un moteur derrière l’assemblage ? Ou seulement des entités reliées entre elles ? Et, si compatibilité il y a entre les « objets » en présence, selon quelle loi exactement ? Des procédés aux procédures élaborés par l’artiste, on se posera ces questions ; à moins que, pris par la force plastique de la composition ainsi établie, on décide de se laisser porter par la part du sensible qui s’en dégage, installé confortablement dans ce que Mathieu Schmitt a également imaginé pour le public : une sorte de salon de musique où il fait bon méditer sur ses propres sensations, outre l’alliance réussie de l’art et de la technologie. Car l’artiste a tout orchestré sans en avoir l’air, de la programmation des cartes arduino qui logent dans ses sculptures jusqu’à l’atmosphère. La visite de son atelier, lieu de création où l’intelligence s’exerce et joue avec le matériel à disposition, en est le signe patent. 

Aristote avait reconnu aux végétaux une âme rudimentaire, mais une âme tout de même. Mathieu Schmitt, pour sa part, aime introduire l’idée que les cactées pourraient « sentir » et même, posséder un sens esthétique, s’adonnant au plaisir d’improvisations musicales où des nappes sonores se répondent en d’étranges harmonies. Et que penser des ordinateurs actuels qui, dans le sillage de ceux de Manfred Mohr ou d’autres pionniers du numérique (l’artiste connaît ses classiques !) seraient capables, à partir de data recueillies dans des sociétés informatiques de pointe, de générer des images « À la manière de » ? Sans compter les « parades » ou espèces de chorégraphies auxquelles se livrent ces éléments de robotique que l’artiste a su équiper de webcam selon l’humour qui est le sien. Mais qu’on ne s’y trompe pas, si on se sent attiré pas ces dispositifs, c’est moins par une familiarité croissante avec le monde de la technologie, ou par la connaissance de certaines avancées scientifiques concernant le vivant par exemple, que par ce qui s’y opère : une forme de réconciliation avec notre temps, réconciliation faussement naïve évidemment !    

Affiche : Songs without words, Courtesy de l’artiste et de la galerie Catherine Issert

Galerie Catherine Issert

2 route des Serres, 06570 Saint-Paul de Vence