La Station

Du 05 mars au 16 avril 2022

Pour cette exposition de sortie de résidence, Bettina Blanc-Penther choisit d’inviter des artistes à travailler autour d’une nouvelle qu’elle a écrite. Protocole récurrent dans sa pratique, Bettina écrit puis efface : « À l’origine de mes travaux, sont des nouvelles que j’écris comme support partitionnelle, les mots seront ensuite effacés pour que le son puisse se charger du sens. » Secretly Troubled, projet sur lequel Bettina Blanc-Penther a travaillé durant sa résidence à Nice, est une performance dansée, autour de la figure d’un corps morcelé, sorte de Frankenstein a-genré. L’exposition We Feel Better In The Corner est à la fois complémentaire de Secretly Troubled et autonome : se composant d’un ensemble de dessins, vidéos, peintures et installations, elle propose des réponses troubles, voire troublées, à cette question de la métamorphose.

Estelle Benazet est une auteure aux multiples mots. Ceux des livres, ceux de la radio, ceux des performances, ateliers, propositions variées où la voix se fait entendre. Elle est la première auteure publiée par Les éditions de La chambre verte. Née en 1985 en banlieue parisienne, elle vit entre Paris et Tourcoing. Diplômée de l’École d’Arts de Paris-Cergy en 2008, elle écrit des textes indisciplinés, qui sont diffusés à différentes occasions : lectures-performances publiques (Wonder Zénith, How To SupPress University Writing), chroniques radiophoniques (RadioMarais, Centre Pompidou, Tunnel Tunnel…), revues (AOC.media, Sabir, Laura revue, Sahj Journal, …).

Né.e en 1991, vit et travaille à Paris. Bettina Blanc-Penther a été résident.e temporaire de La Station au printemps 2021. Diplômé.e de l’École Nationale Supérieure des Art Décoratifs de Paris en 2016, Bettina Blanc Penther intègre ensuite le Fresnoy Studio National des Arts Contemporains. Iel participe à des expositions telles que la Biennale d’Art Press en 2020 ou Sillon / Itinéraire Art Drôme en 2021 ainsi qu’au CCNO, Centre Chorégraphique National d’Orléans en 2019. Ses films Too Much Tenderness et I Am A Believer sont présentés à Bochum aux Ateliers Automatiques ou lors de festivals tel que Xposed Festival Berlin et Queer Lisboa en 2019 et 2020. En 2019 iel intègre le groupe de recherche en étude curatoriale «Displays » à EnsadLab- PSL où iel commence un travail de réflexion autour de l’agentivité des œuvres en « état » d’exposition. Parallèlement, iel est collaborateur.rice artistique et interprète pour Quietos et Boccas de Oro de la chorégraphe Marcela Santander Corvalán. En 2021, iel monte la compagnie de danse No Small Mess ( avec l’artiste Pauline Brun), qui accompagne son projet chorégraphique Secretly Troubled ainsi qu’une pièce sonore réalisée en collaboration avec l’artiste Diane Blondeau, exposée dans l’exposition We Feel Better In The Corner, et qui sera présentée au Musée de la Chasse et de la Nature en 2022.

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Une fin d’après-midi d’été, loin des bruits de la ville un fantôme se joint aux jeux de deux amies. Autre part, sur les collines deux personnages se réveillent en ayant perdu le langage sur une route bordée de maison brûlées alors que l’eau ne cesse de monter. A la tombée du soir un garçon à la poitrine bosselée s’en va se perdre dans la forêt pour ne pas être vu. Voilà autant d’histoires qui accompagnent mes films, dessins, photographies ou pièces chorégraphiques. J’aime les imaginer appartenant tous à un lieu fictif dans lequel ils évoluent, se croisent et dialoguent. À l’origine de mes travaux, sont des nouvelles que j’écris comme support partitionnelle, les mots seront ensuite effacés pour que le son puisse se charger du sens. Tout l’enjeu est pour moi de réussir par le son à donner un inconscient aux images et puis de le nicher dans un coin des corps prêt à réapparaître si un trou ou un passage se dessine entre le public et l’image. Si la vidéo engage des personnages mais ne les fait pas parler, les photographies, elles par exemple présentent des corps dansant mais ne les fait pas bouger. Aujourd’hui la question du corps exposé est ce qui nourrit le plus mon travail, comment porter au plateau un corps qui paradoxalement voudrait se dérober aux regards ? Ma pratique est une tentative de laisser une place à l’agentivité des pièces réalisées. Dans une sorte d’animisme j’aime prêter aux oeuvres une vie propre, penser qu’une fois dite «finies», celles-ci deviendront responsables de ce qu’elles provoquent, de ce qu’elles montrent, c’est elles qui entretiendront le dialogue.

Bettina Blanc-Penther

 

Affiche : We Feel Better In the Corner © Bettina Blanc-Penther & Ji-Min Park

La Station

89 Rte de Turin, 06300 Nice